Trouver un titre n’est donc pas chose aisée. Et pourtant c’est l’un des éléments les plus importants, celui qui doit accrocher le lecteur, lui donner envie de lire votre livre. Il doit correspondre à votre texte, à vos goûts. Vous devez l’aimer un peu comme un prénom que vous choisissez pour vos enfants.
Pour Les voyageurs parfaits, le point de départ de mon livre a été ce titre : Les voyageurs parfaits.
Je l’avais dès le départ, il s’est imposé à moi et a inspiré tout le reste.
Tout est parti de cette citation calligraphiée que j’avais accrochée chez moi pendant longtemps, de Lie Tseu, penseur taoïste : Le parfait voyageur ne sait où il va. Je lisais souvent cette phrase avant de me coucher, et je trouvais qu’elle avait beaucoup de sens. De là est venu mon titre Les voyageurs parfaits.
Je trouve ce titre idéal et beau. Un peu original aussi, car j’ai choisi de mettre l’adjectif à la fin, l’expression « les parfaits voyageurs » étant beaucoup moins intéressante. Le « parfait » ainsi placé en fin d’expression a une double signification : l’adjectif a à la fois le sens de parfait, qui contient toutes les qualités, et de parfait, par-fait, plus que fait, complété, achevé, sens que j’imagine en « rendu complet par le voyage ».
Pour Les larmes du lac, j’ai mis longtemps avant de trouver un titre.
Il changeait au fur et à mesure de l’écriture, en fonction de mon humeur du moment. Une fois la fin du livre imaginée, je me suis dit que Les larmes du lac correspondait le mieux à l’esprit global du texte.
Au départ du livre, je voulais en faire quelque chose de presque autobiographique, une leçon de vie, de bonheur, et j’avais pensé à 21 (âge que j’avais lorsque je suis partie en Ecosse), puis à Une française en Ecosse (plus parlant) ou A l’heure écossaise (un peu plus mystérieux).
Mais je me suis vite rendue compte que j’avais besoin de me détacher de la réalité pour en faire quelque chose de plus profond qu’un simple récit de vie étudiante. C’est à ce moment que j’ai repris tout le texte en inventant le personnage d’Anne et son passé triste et en y rajoutant tout le côté « fantômes » et histoire surnaturelle. A partir de là, les anciens titres n’avaient plus de sens. Le titre est alors resté pendant longtemps Lochan Wynd ou Le Mystère de Lochan Wynd.
A la fin de l’écriture, au moment de faire la couverture, je me suis dit que ce titre était peut-être compliqué, incompréhensible pour des français. Il faut se rappeler que le titre est la première chose qu’un lecteur va lire de l’oeuvre, il ne connait pas encore l’histoire.
J’ai donc cherché quelque chose de plus concret, avec le mot « lac », comme La dame du lac (mais ce titre me faisait trop penser au roman fantasy Les dames du lac, de Marion Zimmer Bradley, sur les légendes arthuriennes).
Je suis persuadée que Les Larmes du Lac est le bon titre. Il sonne bien, avec l’allitération en L. Du point de vue du sens, il fait apparaître un des éléments majeurs du livre, le lac, et indique un récit tragique avec « larmes ».
Et vous, quelles sont vos techniques pour trouver votre titre ?
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J’aime beaucoup ton choix final pour ton titre je le trouve très poétique.
Merci Sabrina !
Je trouve toujours très intéressant de connaître les circonstances de la naissance d’un roman, d’où vient l’idée, comment le titre a été choisi et je suis bien d’accord avec toi Marie sur le fait qu’il faut l’envisager comme un prénom. Il ne doit pas être dur à porter, être beau, avoir du sens, nous plaire mais également plaire aux autres. Pour les « Larmes du Lac », après avoir lu tes explications, je pense aussi que ce choix est le bon. Pour « Les voyageurs parfaits », il n’y a pas à discuter puisque ce titre c’est imposé de lui-même.
En effet, le choix du titre pour toute oeuvre est primordiale, mais il l’est encore plus lorsqu’il s’agit d’un livre. Parfois c’est lui qui jaillit dans l’esprit de l’auteur comme une lueur dans la nuit et le récit peut se construire autour. D’autres fois on a le thème, l’idée principale ou même seulement une scène, et il faut trouver le titre adéquat. Là c’est une autre paire de manches.
En ce qui me concerne je suis souvent tiraillé entre des titres qui me plaisent, qui me paraissent justes et ceux qui pourraient plutôt attirer les lecteurs, ceux qui sont « vendeurs ». Il faut trouver le bon équilibre tout en sachant que le côté « vendeur » du titre doit quand même peser un peu plus, à mon sens, que nos propres préférences. J’ai partagé ma dernière expérience à ce sujet sur mon blog :
https://johanduval.wordpress.com/2015/12/16/un-titre-une-couverture/
A reblogué ceci sur La tentation d'écrire.