Il y a quelques années, alors que je diffusais pour la première fois un de mes textes des Voyageurs Parfaits sur des plateformes de lecture qui n’existent plus aujourd’hui, j’ai utilisé un pseudonyme. J’étais alors Jane Andrews.

Pourquoi ? J’avais un peu honte, à vrai dire, de diffuser ce texte sous mon nom. Pourtant, c’était un texte auquel je tenais beaucoup et en lequel je croyais. Je ne sais pas si j’avais peur que quelqu’un me « reconnaisse » oui si je ne voulais juste pas que mon vrai nom soit connu…

Mais finalement, quel intérêt de choisir un pseudonyme ?

De grands auteurs ont publié leurs livres sous des pseudonymes : Balzac pour éviter ses créanciers, Stendhal de son vrai nom Henri de Beyle en hommage à la ville allemande de Stendal, Pierre Loti (vrai nom : Julien Viaud) pour cacher son activité d’écrivain incompatible avec son métier d’officier, Guillaume Apollinaire pour simplifier son véritable nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary Kostrowicki…


  • Pour le marketing

Un pseudonyme peut être parfois plus vendeur qu’un vrai nom. Que vous ayez un nom compliqué à retenir, trop banal ou encore un nom susceptible d’attirer les railleries,  il est parfois utile de changer de nom. Le nom d’auteur fait partie de la couverture du livre et il pèse dans son marketing et sa promotion.

Je me suis demandé si mon patronyme était peu vendeur. Marie Havard. On confond souvent Havard avec Harvard, la célèbre université, ce qui marque peut-être les esprits. Mais d’un autre côté, mon nom est également l’homonyme d’un adjectif péjoratif : avare.  Et il est vrai que le suffixe [ar] n’a pas forcément une jolie sonorité. Pourtant, certains auteurs célèbres ont un nom qui finit en [ar] et qui ne rend pas si mal : Jean Froissart, Jules Renard, Marguerite Yourcenar, Ronsard…

D’autres auteurs ont un nom bien difficile à retenir et à prononcer, mais ils n’ont pas pour autant choisi de prendre un pseudonyme : Didier Daeninckx, Michel Houellebecq…

Le nom, dès qu’il est lu, peut évoquer chez le lecteur une certaine image de l’auteur et c’est pourquoi certains préfèreront prendre un pseudonyme pour que leur nom colle plus au genre de texte qu’ils écrivent : un prénom jeune « à la mode » pour toucher les adolescents, un nom anglicisé pour les romans noirs ou les policiers… le nom devient alors un outil marketing.

  • Pour garder une part de mystère

Ecrire est un peu un jeu, et choisir un pseudonyme est amusant. On devient un double personnage : on est soi-même et un autre.

Prendre un pseudonyme peut faire partie du plaisir d’écrire et alimenter l’imagination fantasque de l’écrivain. Le lecteur faisant des recherches sur l’auteur ne trouvera rien : quel mystère ! Mais qui se cache derrière cet écrivain que l’on a tant aimé ? Si le texte a vraiment frappé les esprits, le mystère autour de l’auteur peut devenir un buzz.

Anonyme, l’auteur du Livre sans nom, a gardé le secret sur son nom et n’est pas prêt de le révéler…

Mais cela est de plus en plus rare, il me semble.

 

  • Pour cacher sa véritable identité

Parfois il s’agit de se protéger, soi et sa famille, en ne divulguant pas sa véritable identité : un écrivain qui publie un livre pamphlet politique par exemple, ou qui dénonce des choses importantes met sa vie en danger, et choisit alors d’utiliser un pseudonyme.

Parfois, ce n’est pas pour des raisons de sécurité mas plutôt parce que le genre du texte est soudainement différent des livres publiés habituellement par l’auteur : un livre érotique, par exemple, qu’il peut être gênant de signer en son nom, ou des romans policier.

Enfin, il y a le cas d’auteurs connus qui souhaitent redevenir anonymes pour tester la qualité de leur nouveau texte : je pense notamment à J.K.Rowling qui, ayant connu la célébrité avec Harry Potter, a sorti un roman (L’appel du Coucou) sous le pseudonyme Robert Galbraith, qui a rapidement été démasqué.

 

Choisir un pseudonyme n’est pas anodin, cela complique les choses au niveau promotion, ventes, dédicaces… mais certains y verront leur utilité.

Personnellement, un jour est venu où j’ai voulu publier un de mes livres et l’offrir à un proche. Il me paraissait nécessaire de le signer de mon véritable nom, et quel plaisir de voir son propre nom sur une couverture !

Un nom c’est une identité, une fierté. A nous de rendre ce nom célèbre par nos écrits.